Pour Frédéric Encel nous méritons l’asile psychiatrique (Afps)

Il court de plateau de télé en plateau de télé.
On le voit partout, ou presque. Sa parole est même choisie et souhaitée dans certains ministères. Dès qu’un événe- ment survient au niveau international, on fait appel à lui. On le présente comme spécialiste en géopolitique et en relations internationales. Et il commente les événements avec un talent égal à sa méconnaissance insondable du monde actuel. Plus exactement en fonction du seul prisme politique partisan par lequel il regarde toute chose. Il n’a qu’une boussole : la politique des dirigeants israéliens qu’il défend bec et ongles. A ses yeux, et il n’en fait d’ailleurs pas mystère même s’il se cache parfois, « tout ce qui est bon pour Israël est bon pour la planète ». C’est son message unique.
Sa marque de fabrique. Une pensée « Made in Israël »
Cela devient vraiment obscène et très dangereux. L’opinion publique pour être éclairée mérite tout autre chose que de la pure et simple propagande. Combien de temps encore cela va-t-il durer cette insupportable indécence intellectuelle et morale ?
Une coqueluche… c’est est aussi une maladie contagieuse.
Je parle naturellement de Frédéric Encel, le type même de l’« intellectuel faussaire » comme le démontre Pascal Boniface dans son livre sur le sujet. F. Encel est un ancien membre du Betar, ce mouvement sioniste extrémiste qui milite pour un État juif sur les deux rives du Jourdain.
Il vient de sortir un nouveau livre [1] qu’on présente à l’image, en inséré, à chacune de ses apparitions médiatiques. Il n’y a pas de petits bénéfices, n’est-ce pas… Le journal « Le Monde », sous la plume d’un dénommé Gaîdz Minassian, lui a consacré ce qu’on appelle communément une critique. En l’espèce ce papier constitue une variété d’hagiographie qui aboutit à ce que le sérieux du critique et la crédibilité du livre en soient atteints. Cela restera une feuille morte. Il est vrai que c’est l’époque… Et dans ce livre, théoriquement censé éclairer ou informer le lecteur de manière rigoureuse, que peut-on lire sur le Proche-Orient qui mobilise toute notre attention et notre action ?
F. Encel explique savamment, cela va sans dire, que le « conflit israélo-palestinien » ce n’est rien. Un petit bobo sur la planète, un petit bobo qui dure certes mais sans grandes conséquences, voire sans aucune conséquence, dans et pour le monde. Certes, écrit-il « gentiment » pour les Palestiniens, « La cause palestinienne fut et reste largement instrumentalisée par des dictatures nationalistes aux abois et des terroristes islamistes » (rien de moins que : détestable) mais pour lui ce n’est qu’un « Conflit ni plus original, complexe ou dangereux qu’un autre au regard de l’histoire et de la géographie actuelle des relations internationales. »
Un conflit tout à fait banal, en somme. Et sans risque d’élargissement régional ou mondial. Car, œil de lynx qu’il prétend être, la rivalité entre les deux parties « n’a jamais débordé son propre cadre spatial (fort réduit) ni dégénéré en guerre régionale » (sic). En somme, circulez, il n’y a rien à voir ni à s’inquiéter…
Pour un « spécialiste de « géopolitique » moi je dis que c’est un vrai spécialiste de l’irresponsabilité. Une seule chose semble le hanter, à voir ce qu’il écrit mensongèrement, c’est « l’importation du conflit dans les villes d’Europe ».
Il faut citer, pour pénible que cela soit, l’intégralité du discours de F. Encel à ce sujet.
Alors, tenez-vous bien, je cite : « Menée par des militants d’extrême gauche ou islamistes, la stigmatisation haineuse et parfois délictueuse d’Israël (ainsi de certaines campagnes de boycott à l’égard de produits israéliens) et de ses prétendus « soutiens » (juifs ?) est une manœuvre irresponsable qui accroît la tentation communautariste et aggrave l’antisémitisme dans certaines banlieues défavorisées, tout cela sans que la cause palestinienne qu’ils prétendent défendre en tire le moindre bénéfice. »
Ce serait manquer de respect pour nous et s’abaisser que de réfuter pareils propos. Car il continue de plus belle, si on peut dire. Je cite toujours : « On recommandera à certains obsédés du conflit de consulter les mânes de la psychanalyse ».
Obsédés… Fous… Voilà ce que nous sommes à ses yeux « compétents » tandis que notre combat rassemble des hommes et des femmes de toutes les sensibilités politiques, à l’exception de l’extrême droite. Car le combat pour l’application du droit international – concept qu’il ne cite jamais, et pour cause – n’est ni de droite ni de gauche. On est « pour » ou « contre » le droit, c’est tout autre chose. Il n’en dit rien ! On ne s’abaissera donc pas, pour ce qui nous concerne, à flétrir notre dignité en polémiquant avec lui.
Mais là où le bât blesse se résume dans une seule question : comment peut-on inviter de manière répétée un tel personnage sur les plateaux télés ou ailleurs, non pas du fait de son engagement partisan patenté qu’il a le droit d’avoir, mais au titre d’une compétence supposée car autoproclamée par lui seul ? Qu’on l’invite comme militant sioniste patenté, c’est acceptable si cela est identifiable, mais l’inviter comme un expert « objectif et qualifié » en géopolitique il y a une vraie « tromperie à l’origine » sur la « marchandise ».
D’autant que pour nous, militants de la paix sur la base du droit, à l’inverse de lui, c’est « le bâillon pour la bouche et pour la main le clou. » Cela ne marche pas ni ne passera. Chacun, à commencer par Frédéric Encel, doit l’admettre et en tirer les justes conclusions : Betar un jour, Betar toujours !
Jean-Claude Lefort, président d’honneur de l’AFPS, vendredi 27 septembre 2013
[1] « De quelques idées reçues sur le monde contemporain » Précis de géopolitique à l’usage de tous. Editions « Autrement »
http://www.france-palestine.org/Pour-Frederic-Encel-nous-meritons