Israël continue à pousser son grandiose projet de réseau ferré en Cisjordanie, sans tenir compte des frontières (Afps)
Pendant les négociations, l’armée israélienne prépare l’annexion de la Cisjordanie.
Un plan d’intégration territorial de la Cisjordanie est à l’étude avec le maillage de la Cisjordanie par un réseau ferré israélien entre toutes les grands villes (actuellement en zone A sous contrôle exclusif de l’Autorité palestinienne). On est dans la même logique de long terme qu’avec le plan Sharon de 1977 (alors ministre des infrastructures) qui continue à structurer le développement des colonies.
Ce plan, qui comprend 473 kilomètres de rail avec 30 stations sur 11 lignes et des dizaines de ponts et de tunnels, est destiné à relier toutes les villes de Cisjordanie entre elles. L’Autorité palestinienne a refusé de coopérer à ce plan. L’ad- ministration civile [1] a décidé mercredi de poursuivre son grandiose plan de réseau ferré en Cisjordanie et a ouvert une enquête publique, après que l’Autorité palestinienne a refusé de participer à sa préparation.
Ce programme bénéficie d’une promotion agressive de la part du ministre des transports Yisrael Katz (Likud).
Environ 1 million de shekels ont déjà été investis en études. Le plan, initialement révélé par Haaretz, comprend 473 kilomètres de voies ferrées avec 30 stations sur 11 lignes, destinées à relier toutes les villes en les régions de Cisjordanie entre elles , et la Cisjordanie avec la Jordanie et la Syrie. Du fait de la nature accidentée de la Cisjordanie, le projet comporte des dizaines de ponts et de tunnels.
Le plan du réseau ferré, qui est supposé desservir toutes les populations vivant en Cisjordanie, ignore complètement toutes les frontières politiques. Les premières discussions ont eu lieu il y a 18 mois. Même si on ne trouve jamais les milliards de shekels nécessaires à sa réalisation, la simple existence de ce projet entraîne que tout programme de construction devra, à partir de maintenant, tenir compte de ces lignes de train théoriques.
Aujourd’hui, l’Administration civile a discuté les détails du plan, présentés par Alex Schmidt, qui a été embauché par les Chemins de fer d’Israël pour mener la planification du réseau. “Il y a 11 lignes. La ligne centrale est parallèle à la route qui relie Jénine, Naplouse, la périphérie de Jérusalem, Hébron et Be’er Sheva. Une autre ligne suit la vallée du Jourdain et fait la liaison avec la Jordanie et la Syrie. Il y aura aussi des lignes transversales reliant les deux lignes principales : une ligne entre Naplouse et le pont Adam, Tulkarem et Naplouse, et Naplouse et Rosh Ha’ayin ; une ligne reliant le pont Allenby à Jérusalem et Ramallah, une ligne entre Kiryat Gat et Hébron ; et une autre ligne qui permettra de relier Ramallah à la bande de Gaza en utilisant des trains israéliens.“
Sur le plan de la demande de services ferroviaires, Schmidt a indiqué : “Nous avons utilisé les données fournies par le Bureau des statistiques palestinien. Nous avons considéré le nombre de résidents qui travaillent dans les zones industrielles. Nous avons comparé le nombre de personnes qui utilisent des véhicules privés à celui des personnes qui utilisent les transports publics. Nous avons aussi évalué l’accroissement de la population. Nous attendons 12 000 passagers le matin à l’heure de pointe pour la ligne des crêtes entre Jérusalem et Ramallah, et nous en attendons 3 000 entre Hébron et Be’er Sheva au même moment. Nous estimons qu’on atteindra 30 millions de trajets en 2035.“
Lors de cette discussion, il a été révélé que l’Administration civile avait transmis les études préparatoires à l’Autorité palestinienne pour contribution, mais que celle-ci avait refusé cette proposition. La question a aussi été soulevée lors d’une réunion entre l’Administration civile et le directeur général du ministère de l’intérieur et des affaires civiles de l’AP, mais sans succès. Il a alors été décidé de continuer sans participation de l’AP. L’officier d’état-major Eli Livni qui est aussi membre du Conseil suprême d’aménagement en Judée et Samarie (et le frère de la ministre de la justice Tzipi Livni) a demandé si il y avait besoin d’autant de lignes pour une aussi petite zone. Schmidt a répondu “C’est ce que nécessite la réalité du terrain si l’on prend en compte les villes qui doivent être interconnectées. “ Benny Weil, un autre membre du comité a ajouté “OK. Disons que vous avez raison pour ce qui concerne la ligne des crêtes.
Mais la vallée du Jourdain ? Il y a à peine quelques bus qui y circulent aujourd’hui. Y a-t-il vraiment une demande pour des trains ? » Schmidt a répondu “La ligne des crêtes est destinée au transport local et aux habitants des banlieues, alors que la ligne de la vallée servirait pour les touristes qui se rendent à la Mer morte, à Eilat et à la mer de Galilée [lac de Tibériade, ndlt]. De toutes manières, c’est la dernière de nos priorités.“
A la fin de la discussion, il a été décidé de publier le plan pour une soumission d’ici 30 jours, ce qui signifie que les documents vont maintenant être rendus publics afin que les réserves et les commentaires du public puissent être recueillis. Une fois discutées ces objections, le plan sera publié pour validation finale, après quoi les discussions concrètes pourront commencer pour chacune des lignes. Le président du comité, Daniel Halimi, indique qu’il espère qu’à ce moment-là les Palestiniens coopèreront. “De notre point de vue, publier le plan pour une enquête publique est une étape importante qui associe le public au processus de planification“.
Article paru le 24 juillet 2013
Note de la traduction : [1] L’Administration civile est, comme son nom ne l’indique pas, l’administration de l’armée israélienne qui gère tous les problèmes liés à l’occupation en Cisjordanie, concernant aussi bien les biens et les terres que les personnes. Chaim Levinson - Haaretz, dimanche 11 août 2013 Traduction AFPS/RP
Voir en ligne : http://www.haaretz.com/news/nationa...
http://www.france-palestine.org/Israel-continue-a-pousser-son